Par Merlyne Pierre Louis
Selon les informations rapportées par le journaliste Taji, Duckens Nazon, l’international haïtien de 31 ans , aurait signé un contrat électronique de deux ans avec le club iranien Esteghlal FC, pour un salaire annuel estimé à 650 000 dollars. L’attaquant haïtien devrait fouler le sol iranien dès le début de la semaine prochaine pour rejoindre sa nouvelle équipe. Mais ce transfert en apparence anodin pourrait avoir des conséquences majeures sur sa carrière internationale.
Le chouchou du peuple haïtien, le bijou de 31 ans, est l’un des joueurs les plus emblématiques du football haïtien. Avec 67 sélections et 40 buts en équipe nationale, il est devenu le deuxième meilleur buteur de l’histoire des Grenadiers. Son parcours en club l’a mené dans plusieurs championnats européens : CSKA Sofia (Bulgarie), Quevilly-Rouen (France), St Mirren (Écosse), et d’autres clubs en Inde, Belgique, et Angleterre. En plus de son efficacité offensive, il a su incarner un véritable esprit de combativité, notamment lors de la Gold Cup 2019.
Le transfert de Duckens Nazon en Iran intervient dans un contexte géopolitique tendu. Depuis le 9 juin 2025, un décret présidentiel américain interdit l’entrée sur le territoire des États-Unis à toute personne vivant ou résidant en Iran, indépendamment de sa nationalité. Cette mesure a été prise pour de raisons de sécurité nationale, dans un contexte de guerre froide diplomatique entre Washington et Téhéran.
Ce « travel bande » suspend la délivrance de tous les nouveaux visas, immigrants ou non-immigrants, pour les personnes vivant en Iran. Même les ressortissants de pays tiers comme Haïti sont touchés s’ils vivent en Iran, y compris les athlètes professionnels, sauf rares exceptions (diplomates, raisons humanitaires, green card, etc.).
En résumé, un étranger vivant en Iran ne peut pas obtenir de visa ni entrer sur le sol américain, sauf s’il possédait déjà un visa valide délivré avant le 9 juin 2025, ce qui est peu probable dans le cas de Nazon. Cela signifie que même s’il est convoqué par Haïti pour disputer la Coupe du Monde 2026, dont plusieurs matchs se tiendront aux États-Unis, il ne pourra pas participer, sauf changement politique majeur d’ici là.
Ce transfert, s’il devient officiel, pourrait marquer la fin prématurée de la carrière internationale de Nazon. Pour Haïti, qui rêve encore d’une qualification historique au Mondial 2026, l’absence d’un tel joueur serait un coup dur. Le football est parfois tributaire de la diplomatie. Et cette fois, c’est la politique étrangère qui pourrait arracher un pilier aux Grenadiers, au moment où le pays aurait le plus besoin de lui.
