
Dans la vie, on peut acheter une Ferrari, mais encore faut-il savoir la conduire. L’image est simple, mais elle décrit parfaitement la situation actuelle du football haïtien. La Fédération Haïtienne de Football (FHF) a multiplié les efforts ces dernières années pour convaincre des joueurs de haut niveau, d’origine haïtienne, de rejoindre la sélection. Des talents comme Jean-Ricner Bellegarde, Yassin Fortuné, et bien d’autres encore, sont venus renforcer l’équipe nationale. Sur le papier, Haïti a les moyens de rivaliser avec n’importe quelle sélection de la région. Mais dans les faits, une Ferrari mal conduite finit toujours dans le décor.
Un entraîneur en décalage avec les ambitions
L’arrivée de Sébastien Migné à la tête de la sélection devait incarner une nouvelle ère. Mais à mesure que les matchs passent, la réalité saute aux yeux : l’entraîneur n’a pas le calibre pour gérer une équipe de ce niveau. Ses choix tactiques et ses changements en cours de match laissent perplexe. Comment expliquer la sortie de Jean-Ricner Bellegarde, sans blessure ni fatigue manifeste, alors que ce dernier représente le principal tonneau du milieu ? Comment comprendre que Fabrice Picault, clairement en difficulté, ait été maintenu trop longtemps sur le terrain ?
Les grandes nations de football l’ont démontré : ce ne sont pas uniquement les grands joueurs qui font les grandes équipes, mais aussi les grands entraîneurs. Carlo Ancelotti, par exemple, a prouvé qu’il suffit parfois de quelques matchs pour imposer une philosophie claire et donner une identité de jeu.
Une gestion technique douteuse
La question dépasse même le seul entraîneur. Comment s’étonner du choix de Migné quand on sait que l’organigramme technique de la FHF repose entre les mains de dirigeants sans réelle expertise footballistique ?
Carlo Marcelin, responsable des sélections, dont la réputation est davantage marquée par ses intérêts personnels que par une vision sportive.
Un Directeur Technique National, Chéry Pierre, dont les compétences footballistiques restent invisibles, mais qui occupe néanmoins l’un des postes les plus stratégiques.
Haïti rêve grand
Face au Honduras, Haïti a montré une très belle première mi-temps. Les joueurs ont prouvé qu’ils avaient les armes techniques et physiques pour rivaliser. Mais lorsque l’adversaire a haussé le ton et posé de vraies questions tactiques, l’entraîneur haïtien est resté sans réponse. Voilà le problème central : une équipe avec du talent, mais sans leader technique capable de guider le navire dans les tempêtes.
Le Comité de Normalisation a réalisé un travail louable sur le plan administratif. Mais sur le plan technique, il est urgent de rompre avec les mauvaises habitudes. Haïti n’a pas besoin d’entraîneurs “par défaut” ou de nominations de complaisance. Haïti a besoin d’un vrai projet, d’un vrai sélectionneur, et de dirigeants intègres et compétents.
Le football haïtien regorge de talents. La diaspora et les jeunes du pays représentent un vivier exceptionnel. Mais tant que la Ferrari sera confiée à des conducteurs inexpérimentés ou motivés par leurs seuls intérêts personnels, elle ne pourra jamais atteindre sa vitesse de croisière.
La vérité ne se cache pas : il est temps que la FHF mette fin aux choix incohérents et place, à la tête de la sélection comme dans son organigramme technique, des leaders à la hauteur des ambitions d’Haïti. Sinon, les mêmes erreurs continueront de condamner une nation qui mérite pourtant d’écrire une plus belle histoire.



