
À Curaçao, petite île des Antilles néerlandaises située à plus de 900 km d’Haïti, se sont joués deux moments historiques du football haïtien.
Le premier remonte à 1957, lorsque Haïti remporte son premier trophée officiel, la Coupe de la Confédération centre-américaine et caribéenne de football (Coupe CCCF), ancêtre de la Gold Cup. Cette compétition désignait le champion de la région centre-américaine et caribéenne. L’équipe haïtienne, dirigée par le coach Lucien Barosy, comptait parmi ses joueurs Phénol Charles, Antoine Tassy, Michel Blain (gardien), Gérard Delpêche, Claudel Legros – futur deuxième Haïtien à évoluer en Division 1 française –, Michel Morin et Gérard Haig, attaquant du Violette AC, star de l’époque qui fera carrière en Europe et en Algérie. Les Haïtiens terminèrent invaincus, remportant tous leurs matchs. À leur retour en Haïti, ils furent accueillis par le Conseil exécutif militaire, dirigé par le général Antonio Thrasybule Kébrea, chargé d’organiser les élections qui mèneront quelques mois plus tard François Duvalier au pouvoir.
Plus de soixante-dix ans plus tard, en 2025, Curaçao fut de nouveau un terrain décisif pour Haïti. En raison de l’insécurité et de la prise en otage des gangs dans la capitale, l’équipe nationale ne pouvait pas jouer ses matchs à domicile pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Les Grenadiers furent contraints de recevoir leurs adversaires à Curaçao, où ils réalisèrent un parcours remarquable : nul 0-0 contre le Honduras, victoire 1-0 face au Costa Rica, emmené par le célèbre gardien Keylor Navas, et succès décisif 2-0 contre le Nicaragua, match qui permit à Haïti de se qualifier pour la Coupe du monde 2026, sa première depuis 1974.
Pour Haïti, Curaçao reste ainsi le théâtre de deux grands moments décisifs de son histoire footballistique, symbolisant à la fois la consécration et la renaissance des Grenadiers sur la scène internationale.



