Analyse

Le coaching français sur le déclin, mais Haïti y croit encore

 

En Europe, le constat est clair : le coaching à la française ne séduit plus. Jugé trop rigide, trop scolaire, trop conservateur, il peine à suivre un football devenu plus fluide, plus inventif, plus audacieux. Pendant que les clubs de Ligue 1 ouvrent leurs portes à des entraîneurs étrangers, Haïti, elle, continue de miser sur le modèle venu de l’Hexagone — souvent par habitude, rarement par choix éclairé.

Un modèle à bout de souffle

Le symbole du déclin se nomme Will Still. À seulement 30 ans, le belgo-britannique a mené le Stade de Reims à une solide onzième place de Ligue 1 sans même posséder la licence UEFA Pro. Le club a préféré payer 22 000 euros d’amende par match plutôt que de s’en séparer. Pendant ce temps, la relève française peine à émerger. Dans les dix grands championnats européens, les entraîneurs tricolores se comptent sur les doigts d’une main : Régis Le Bris en Premier League, Julien Stéphan et Valérien Ismaël en Championship, Patrick Vieira en Serie A. En Bundesliga, aucun. Et surtout, aucun Français ne dirige une équipe en Ligue des champions. Un vide symbolique pour un pays qui se vantait autrefois d’être une école de formation exemplaire.

Haïti et l’Afrique, dernier bastion francophone

Pourquoi, alors, Haïti et les pays africains continuent-ils de recruter des techniciens français ? La réponse tient en deux mots : langue et budget. Le français facilite la communication et ces entraîneurs, souvent issus de divisions inférieures, coûtent moins cher que leurs homologues anglophones ou sud-américains. Résultat : la Fédération haïtienne prend ce qu’elle peut — pas forcément ce qu’il y a de mieux.

Entre nostalgie et nécessité

Ce choix traduit moins une fidélité au modèle français qu’un manque d’alternatives. Haïti n’a jamais vraiment tiré profit de cette influence, sinon une continuité linguistique et institutionnelle.
Pendant que la France elle-même cherche à réinventer son football, Haïti reste attachée à une méthode déjà dépassée.

Ironie du sort : l’élève continue de croire au maître, alors que le maître doute de lui-même.
Dans un football mondial qui récompense l’audace et la diversité, rester figé dans l’héritage français, c’est risquer de jouer éternellement en contre-temps.

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