
Par Jackenson Louis
Coup de tonnerre ! L’Association Sportive Capoise, monument du football haïtien, ne participera pas à la prochaine édition de la Caribbean Shield. Le club Capois, dans un communiqué, confirme son retrait en raison de difficultés économiques.
120 000 dollars. Voilà ce qui manque. Une somme insignifiante à l’échelle d’un État. Une poussière dans les comptes publics. Mais visiblement trop pour sauver la participation du doyen du football haïtien à une compétition régionale majeure.
Aucun vol réservé. Aucune intervention d’urgence. Aucune solidarité institutionnelle. L’ASC, fondée en 1930, devait affronter des adversaires de poids dans le Groupe A. Elle n’affrontera que le silence assourdissant d’un pays devenu sourd à ses propres gloires.
Pendant que nos voisins investissent dans le sport comme levier de cohésion et de rayonnement, Haïti se détourne. Ici, le football ne meurt pas de manque de talent. Il meurt d’indifférence. Une indifférence chronique, méthodique, presque assumée.
Un club comme l’ASC ne devait pas mendier. Il devait être protégé, soutenu, valorisé. Il est aujourd’hui sacrifié.
Et l’État ? Rien.
Les autorités ? Silence radio. La Fédération ? Invisible.
Que valent donc nos discours sur la jeunesse, la fierté nationale, la culture, si ceux qui incarnent tout cela sont livrés à l’abandon au premier obstacle ?
Ce forfait dépasse le cadre du sport. Il signe l’acte de décès d’un système incapable de défendre ce qu’il a de plus précieux : ses symboles vivants. Le cas de l’ASC n’est pas isolé. Il est symptomatique d’un football haïtien devenu orphelin — orphelin d’un ministère fantôme, d’un secteur privé démissionnaire, et d’un pays qui ne croit plus en ses propres rêves.
Le forfait a été confirmé par Benjy Oricia, secrétaire général de l’ASC, dans un communiqué publié vendredi 25 juillet 2025. Il évoque un club prêt, mobilisé, mais « abandonné par un pays absent
Ce n’est pas une défaite sportive. C’est un scandale d’État.
Un club ne s’est pas désisté. Il a été abandonné. Comme tant d’autres avant lui.
Et à ce rythme, ce ne sont plus des clubs qui tombent. C’est tout le football haïtien qui coule.



