Le cas d’Aleksandr Guboglo illustre une réalité de plus en plus préoccupante : les jeunes joueurs d’origine haïtienne, dotés d’un fort potentiel, choisissent de défendre les couleurs du Canada ou des États-Unis plutôt que celles de leur pays d’origine. Dans les jours à venir, plusieurs autres talents suivront cette même voie, confirmant une tendance alarmante pour l’avenir du football haïtien.
La raison de ces choix n’est pas mystérieuse : elle repose sur un manque de vision et de planification au sein de la Fédération Haïtienne de Football (FHF). Alors que les autres nations s’organisent, bâtissent des projets à long terme et séduisent leurs binationaux par des propositions concrètes, Haïti continue à fonctionner dans l’improvisation. Les préparations de compétitions se font souvent une semaine avant l’échéance, sans structure claire, ni suivi sérieux des joueurs.
Aleksandr Guboglo, par exemple, souhaite rejoindre le Canada non pas par manque d’amour pour Haïti, mais parce qu’il ne voit aucun projet crédible dans son pays d’origine. Il observe une fédération qui, au lieu de planifier et de bâtir pour l’avenir, se contente de récolter les fonds des sponsors. Servir le football et construire un futur pour les jeunes talents semblent passer au second plan, derrière des intérêts personnels et une gestion de court terme.
Ce désintérêt répété envoie un message destructeur aux jeunes joueurs : « Haïti n’a pas de place pour vous. » Résultat, ils se tournent vers des nations qui leur offrent un encadrement professionnel, des opportunités concrètes et une vision à long terme de leur carrière.
Et ce phénomène ne fait que commencer. Après Guboglo, d’autres suivront. Les jeunes issus de la diaspora, voyant l’absence de structure et de considération de la FHF, se tourneront vers les États-Unis ou le Canada. Chaque départ représente une perte énorme pour le football haïtien, déjà fragilisé par des années de crise et de mauvaise gestion.
Si la FHF ne change pas rapidement de cap, en mettant en place une véritable stratégie de détection, de suivi et de valorisation de ses talents, Haïti risque de voir toute une génération de joueurs lui échapper. Le football haïtien mérite mieux qu’une administration qui ne voit pas plus loin que la pointe de son nez.
