Leonel ST-PREUX
Face à une équipe de Manchester City toujours aussi impitoyable dans son exécution collective et sa supériorité technique, Wolverhampton s’est lourdement incliné à domicile (0-4). Pourtant, malgré la débâcle, une prestation individuelle a capté l’attention : celle du milieu de terrain Jean-Ricner Bellegarde.
Aligné d’entrée dans l’entrejeu des Wolves, le Franco-Haïtien a montré une activité constante, une bonne qualité de relance, et une intelligence de placement qui ont permis à son équipe de contenir, par séquences, la domination mancunienne. Sa lucidité dans les transitions et sa volonté de ne jamais abdiquer, même à 0-3, témoignent d’un mental fort et d’un niveau technique affirmé, dans l’un des championnats les plus exigeants du monde.
Un profil moderne et polyvalent
Formé au RC Lens, passé par Strasbourg, Jean-Ricner Bellegarde s’est rapidement imposé en Premier League comme un milieu moderne, capable d’évoluer aussi bien en relayeur qu’en sentinelle, voire en meneur reculé. Sa mobilité, son sens du pressing et sa capacité à jouer sous pression en font un élément très recherché dans le football actuel.
À 27 ans, il est dans la pleine maturité de sa carrière, et son profil intéresse désormais au-delà du cadre de son club. En effet, c’est vers la sélection haïtienne que les regards se tournent.
Une fenêtre ouverte pour les Grenadiers
Jean-Ricner Bellegarde n’a jamais tourné le dos à Haïti. Interrogé à plusieurs reprises sur ses intentions internationales, il a clairement exprimé son ouverture à représenter les Grenadiers, évoquant même une possible arrivée après la Gold Cup 2025. Une déclaration qui a ravivé les espoirs d’un peuple passionné de football, désireux de voir son équipe nationale franchir un nouveau cap.
Ce renfort potentiel arrive à un moment charnière. Haïti s’apprête à disputer, dès septembre, la dernière phase des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026. À ce niveau, chaque détail compte. Et la qualité des joueurs au milieu du terrain est souvent ce qui fait la différence.
Bellegarde, par son expérience dans l’élite du football européen, pourrait incarner ce maillon manquant dans l’organisation et la stabilité du jeu haïtien.
Le rôle crucial des binationaux
L’exemple de Bellegarde renvoie à une problématique plus large : celle de l’intégration structurée et proactive des joueurs binationaux. Plusieurs sélections de la zone CONCACAF à commencer par le Mexique , le Canada, les États-Unis, la Jamaïque etc ont compris depuis longtemps qu’il faut aller chercher ces profils, les accompagner, et les intégrer dans un projet clair et ambitieux.
Haïti ne peut plus se permettre de rester en marge de cette dynamique. Car oui, le talent local existe, mais il doit être complété par des joueurs formés en Europe, dans des environnements professionnels, qui peuvent amener rigueur, intensité, et expérience du haut niveau. Bellegarde en est l’illustration parfaite.
Une opportunité à saisir pour écrire l’histoire
L’ancien international haïtien Kervens Fils Belfort l’a bien résumé : « Depuis tout petit, Bellegarde connaît ses origines. Il doit porter les couleurs d’Haïti. » Mais au-delà du symbole, c’est une réelle opportunité sportive que représente cette potentielle arrivée. Une équipe haïtienne renforcée de joueurs comme Bellegarde peut légitimement viser une qualification historique à la Coupe du Monde.
Encore faut-il que les instances sportives haïtiennes soient à la hauteur : structuration de la sélection, projet clair à long terme, communication transparente avec les joueurs concernés, staff technique compétent et motivé. Sans cela, les talents resteront à distance.
Entre espoir et responsabilité
Chaque week-end, des joueurs d’origine haïtienne brillent en Europe. Et chaque week-end, c’est une occasion de rêver, mais aussi un appel à la responsabilité. Le football haïtien dispose des ressources humaines pour franchir un cap, mais cela passe par des décisions concrètes, professionnelles, et visionnaires.
Jean-Ricner Bellegarde est prêt. Le moment est venu pour Haïti de l’être aussi.
