Dans le monde du football moderne, les joueurs aux multiples nationalités deviennent des enjeux géopolitiques sportifs. C’est le cas d’Aleksandr Guboglo, un jeune prodige de 18 ans qui incarne l’espoir d’un avenir radieux tant pour son club que pour les sélections nationales qui le convoitent.
Né à Ottawa de parents haïtien et ukrainien, élevé dans une culture plurielle, Guboglo est aujourd’hui courtisé par trois pays : le Canada, son pays de naissance et de formation; l’Ukraine, terre de ses racines européennes; et Haïti, nation pour laquelle il a déjà porté le maillot au niveau U17.
Une trajectoire ascendante impressionnante
Guboglo a commencé son parcours à Ottawa South United, un club bien connu pour son travail auprès des jeunes talents. Rapidement repéré par les recruteurs du CF Montréal, il a intégré l’Académie du club en 2019. Depuis, il n’a cessé de gravir les échelons avec une maturité et une constance rares pour un joueur de son âge.
Le 26 février 2025 restera gravé dans l’histoire du CF Montréal et dans la mémoire de Guboglo : ce jour-là, il signe son premier contrat professionnel avec l’équipe première. À peine quelques jours plus tard, le 1er mars 2025, il entre sur le terrain pour sa première titularisation en MLS, devenant à 17 ans et 353 jours le plus jeune joueur à débuter un match professionnel sous les couleurs du club montréalais.
Durant la saison 2024-2025 en MLS NEXT, avec l’équipe U18, il s’est distingué par sa régularité, son intelligence de jeu et surtout ses 9 buts inscrits depuis son poste de milieu offensif. Doté d’une excellente lecture du jeu, capable d’évoluer dans plusieurs registres au milieu de terrain, Guboglo est considéré comme un joueur « box-to-box » moderne, complet sur le plan technique et mental.
Un avenir international à définir
Si son avenir en club semble déjà tracé, c’est au niveau international que les interrogations subsistent. Aleksandr Guboglo a été découvert sur la scène internationale grâce à l’équipe U17 d’Haïti, avec laquelle il a disputé trois matchs, recruté et lancé par l’entraîneur Angelo Jean-Baptiste. Ce dernier, connu pour son travail de repérage et de développement de talents haïtiens à l’étranger, a vu en Guboglo un meneur d’hommes en devenir.
« Aleksandr est un joueur rare. Sa capacité à influencer le jeu, à faire jouer les autres et à rester discipliné dans les moments clés est exceptionnelle pour un joueur de son âge. Il a l’ADN du leader silencieux », affirme Jean-Baptiste.
Mais depuis ses débuts en sélection haïtienne U17, le joueur n’a plus été rappelé officiellement. Une situation qui n’a pas échappé aux fédérations du Canada et de l’Ukraine. Ces deux pays, bien structurés dans leur approche de recrutement des binationaux, ont entamé des démarches pour convaincre le jeune milieu offensif de rejoindre leurs rangs.
Le Canada, qui connaît une montée en puissance dans la région Concacaf, voit en Guboglo un joueur capable de renforcer le noyau de sa future sélection olympique. L’Ukraine, quant à elle, cherche à rajeunir son effectif et à réaffirmer sa présence sur la scène européenne, malgré un contexte politique difficile.
Un choix symbolique pour Haïti
Pour la Fédération Haïtienne de Football, cette situation représente à la fois une opportunité et une alerte. Aleksandr Guboglo n’est pas seulement un joueur prometteur : il symbolise une nouvelle génération de talents issus de la diaspora, formés selon les standards internationaux, mais profondément liés à leur culture d’origine.
Dans une période où Haïti cherche à reconstruire son identité footballistique, notamment après des campagnes de qualifications mitigées, des joueurs comme Guboglo ou Victor Joseph (FC Sochaux) peuvent représenter un nouveau socle autour duquel bâtir un projet ambitieux. Encore faut-il poser les fondations nécessaires, structurer un environnement compétitif et crédible, et surtout, démontrer une volonté politique claire d’intégrer ces talents au cœur du projet national.
Selon plusieurs sources proches du dossier, Guboglo n’a pas encore tranché. Très attaché à ses origines haïtiennes, il reste néanmoins lucide quant aux opportunités sportives qu’offrent les autres nations. Il devrait faire son choix d’ici la fin de l’année 2025, période à laquelle les sélections U20 commenceront à se dessiner pour les compétitions internationales à venir.
Un test pour le futur du football haïtien
La situation d’Aleksandr Guboglo doit servir de signal d’alarme et d’inspiration pour Haïti. Si la sélection veut conserver ses meilleurs talents, elle doit mettre en place une stratégie claire de suivi, de valorisation et d’accompagnement des jeunes issus de la diaspora. Le cas Guboglo ne doit pas être une exception, mais bien le point de départ d’une nouvelle ère.
Reste à savoir si Haïti saura convaincre cette pépite de continuer à porter les couleurs de son pays d’origine. Car au-delà de l’aspect sportif, ce choix incarne une identité, une appartenance, et surtout une promesse d’avenir pour un football haïtien en quête de renaissance.
