Analyse

Quand le Journaliste Dérape : De Justicier à Naufragé de Ses Propres Excès

 

Le sport, noble théâtre où s’écrivent les épopées contemporaines, ne saurait se suffire à lui-même. Pour exister pleinement, il a besoin d’une voix, d’un écho, d’une parole qui, bien maniée, en exalte les exploits et en dénonce les dérives. Cette mission incombe aux journalistes, ces gardiens supposés de la vérité, dont la plume se veut le relais fidèle des exploits, des sacrifices et des triomphes. Mais, parfois, cette même plume se fait poignard, tranchant avec une férocité inouïe, sans discernement, sans précaution, sans souci du réel.

Il fut un temps où un certain journaliste crut que l’impunité lui appartenait comme un droit divin. Juché sur son piédestal médiatique, il lançait ses sentences, déstabilisait des carrières, sapait des réputations avec l’assurance de celui qui se croit au-dessus des lois du métier. À ses yeux, l’information n’était plus qu’un prétexte, une simple parure pour masquer des règlements de comptes. Il n’informait plus, il exécutait. Ses mots, taillés comme des lames, ne cherchaient ni l’équilibre, ni la nuance, mais l’impact, le fracas, la dévastation. Car pourquoi se contenter d’être un passeur de vérité quand on peut, d’un trait de plume, faire et défaire des destins ?

Mais l’arrogance a un prix, et l’histoire se rit toujours de ceux qui oublient ses leçons. Un jour, l’un de ses accusés, las d’être cloué au pilori, décida que trop, c’était trop. La justice fut saisie, la mécanique implacable du droit s’enclencha, et le journaliste, ce prétendu justicier, sentit le sol se dérober sous ses pieds. À l’instant où il aurait eu besoin de ses protecteurs d’hier, il ne trouva que le vide. Ceux qui l’avaient encouragé dans ses entreprises douteuses se volatilisèrent avec une discrétion exemplaire. « Je ne t’ai jamais demandé d’attaquer qui que ce soit », lui lança-t-on d’un ton froid, comme on jette un cadavre au bord du chemin. Il comprit alors que la loyauté est une chimère, que les alliances forgées sur l’opportunisme sont les premières à s’évaporer quand vient l’heure du jugement.
Le voilà donc seul, spectateur impuissant de sa propre débâcle. Plus de micros tendus, plus de tribunes enflammées, plus de soutiens inébranlables. Juste un silence pesant, ce genre de silence qui accompagne les destins brisés et les ambitions déçues. Il découvre, avec un retard cruel, que le journalisme n’est pas une arme à manier au gré des intérêts du moment, mais un sacerdoce exigeant, où la rigueur et l’honnêteté sont les seuls remparts contre la disgrâce.

Le sport, lui, continue son chemin, indifférent aux vanités humaines. Il n’a que faire des aigreurs d’un homme tombé dans son propre piège. Car le sport ne demande pas à être protégé, il demande à être raconté avec justesse. Il appelle des journalistes conscients de leur responsabilité, capables de discerner l’info du ragot, la critique du règlement de comptes, l’engagement de l’acharnement. Il n’a que faire des petits soldats du chaos, des faiseurs de tempêtes éphémères qui, lorsqu’ils ont tout détruit, découvrent avec stupeur qu’ils n’ont plus rien à dire.
Ainsi s’achève le triste destin d’un journaliste qui voulut être plus grand que son propre métier. Il rêvait d’être un justicier, il n’aura été qu’un naufragé.

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