Par Mythsouka Jean-Philippe
Le Parc Félix Saint-Victor, situé à Cap-Haïtien, est bien plus qu’un simple stade. C’est un lieu chargé d’histoire et de passion, où le football haïtien a vécu des moments mémorables. À proximité des quartiers emblématiques de La Fossette, Bel-Air, ainsi que des rues 0 et 1, ce parc est ancré dans le cœur de la ville et de ses habitants, accueillant les rencontres officielles des deux plus grandes formations de la ville : Le Vieux Coq Capois (ASC) et la Fière Colombe (FICA).
Le Parc Félix Saint-Victor est construit sur l’emplacement d’un ancien camp militaire. Dans le jargon local, il est affectueusement appelé « Kenp » , un terme issu de l’anglais « Camp» , qui évoque l’époque de l’occupation américaine. Ce lieu a vu défiler des générations de footballeurs et a été le témoin d’événements marquants dans le paysage sportif haïtien.
Le stade a accueilli plusieurs rencontres importantes, notamment le 30 juin 1996 , date à laquelle il a été le théâtre d’un match retour comptant pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 1998 . Opposant Haïti à Cuba. Ce match revêtait une importance capitale après une défaite cuisante de 6-1 à l’aller à Port of Spain. Les spectateurs, pleins d’espoir, ont assisté à une rencontre intense qui s’est soldée par un score de 1-1. Le seul but haïtien a été inscrit par Isaac Chauvet, ex-joueur talentueux du Don Bosco FC de Pétion-Ville des années 90 connu sous le nom de Roi Pharaon. Dix (10 ) ans plus tard, soit le 19 octobre 2006, le Parc Félix Saint-Victor a de nouveau été le cadre d’un affrontement entre Haïti et Cuba. Lors de ce match amical, les Grenadiers ont subi la défaite de 1-0, après avoir déjà affronté la sélection cubaine deux jours plus tôt au Stade Sylvio Cator, à Port-au-Prince.
Malheureusement, la situation politique en Haïti a considérablement affecté la capacité de l’équipe nationale à jouer sur son territoire. L’instabilité qui prévaut, surtout à Port-au-Prince, a rendu difficile l’organisation de matchs, les Grenadiers étant souvent contraints de se déplacer à l’étranger pour trouver des conditions de jeu sûres.Les problèmes de sécurité, exacerbés par la montée de la criminalité, ont gravement limité les opportunités de jouer au pays, et le Parc Félix Saint-Victor, tout comme d’autres stades, a souvent été laissé à l’abandon. Certaines voix s’élèvent pour affirmer que le Stade Sylvio Cator est le seul lieu capable d’accueillir des rencontres internationales, mais cela ne doit pas occulter le rôle essentiel que joue le Parc Félix Saint-Victor. Ce dernier, avec son histoire riche et ses souvenirs indélébiles, mérite d’être reconnu comme un des temples nationaux, prêt à retrouver sa place sur la scène sportive nationale.
Il est impératif de souligner que le Parc Félix Saint-Victor, avec ses installations et son ambiance unique, pourrait redevenir un centre névralgique du football en Haïti dans un contexte de paix et de stabilité. Les passionnés de football, les anciens joueurs et les nouvelles générations rêvent de voir ce stade vibrer à nouveau au rythme des rencontres de la sélection nationale. Dans un futur où la sécurité serait rétablie, il serait souhaitable de voir le Parc Félix Saint-Victor accueillir à nouveau des matchs internationaux, permettant ainsi aux Grenadiers de jouer devant leur public et de raviver l’esprit du football haïtien. La résilience du peuple haïtien et son amour pour le football pourraient faire du Parc Félix Saint-Victor un lieu de renaissance pour le sport dans le pays.
En somme, le Parc Félix Saint-Victor est bien plus qu’un simple stade.C’est un lieu chargé d’histoire, d’émotions et de passions, où le football haïtien a écrit certaines de ses plus belles pages. En reconnaissant l’importance de ce stade, les acteurs du football haïtien peuvent envisager un avenir où le Parc Félix Saint-Victor pourrait accueillir à nouveau le XI national et permettre au public christophien de crier dans leur ton régional « Grenadye alaso ».
