
Par Mythsouka Jean-Philippe
Situé à une altitude impressionnante de 3 637 mètres, le Stade Hernando Siles, à La Paz en Bolivie, est l’un des terrains les plus redoutés du football mondial. Seul le stade Daniel Alcides Carrión de Cerro de Pasco, au Pérou, le dépasse en altitude, culminant à 4 380 mètres. Ce facteur géographique a souvent été un piège pour de nombreuses équipes nationales, incapables de s’adapter aux conditions extrêmes. Haïti en a malheureusement fait l’amère expérience.
Le 5 mars 2000, l’équipe nationale haïtienne affrontait la Bolivie dans ce chaudron. À la tête des Grenadiers, la légende Emmanuel Sanon, figure emblématique du football haïtien, tentait de guider ses joueurs dans ce défi colossal. De l’autre côté, Carlos Aragonés dirigeait la sélection bolivienne.
Dès la première mi-temps, la supériorité bolivienne s’est faite sentir de manière écrasante. À la pause, le score était déjà sans appel : 5-0 en faveur des locaux. L’altitude et la pression atmosphérique semblaient paralyser les jambes haïtiennes, tandis que les Boliviens, habitués à ces conditions, enchaînaient les offensives.
Au retour des vestiaires, Haïti a montré un léger sursaut d’orgueil. À la 60e minute, Carlos Marcelin inscrivait un but pour réduire l’écart à 5-1. Toutefois, cette éclaircie fut de courte durée. En huit minutes, la Bolivie trouvait encore deux fois le chemin des filets, portant le score à 7-1. Frantz Gilles redonnait un peu d’espoir aux siens en inscrivant un second but pour Haïti à la 72e minute, ramenant le score à 7-2.
Mais la fin de match fut un véritable cauchemar pour les Grenadiers. Visiblement épuisés, ils encaissèrent deux autres buts en fin de rencontre. Le coup de sifflet final retentit sur un score sévère : Haïti 2 – 9 Bolivie.
Ce jour-là, beaucoup d’Haïtiens qui espéraient une résistance héroïque de leur sélection ont dû se rendre à l’évidence : jouer à plus de 3 600 mètres d’altitude représente un défi d’une ampleur énorme, que peu d’équipes non acclimatées peuvent relever. Cette lourde défaite reste aujourd’hui encore comme un triste rappel des réalités implacables du football sud-américain en altitude.



