
Par Mythsouka Jean-Philippe
Mardi 31 août 1959 – Chicago (Illinois), Hanson Park
Pour leur troisième sortie dans ces Jeux Panaméricains de 1959, l’équipe nationale d’Haïti affrontait l’Argentine sur la pelouse de Hanson Park, à Chicago. Cette rencontre comptait pour le neuvième match du tournoi. Les Haïtiens, forts d’un impressionnant succès 8-2 contre Cuba et malgré une lourde défaite 7-2 contre les États-Unis, espéraient créer la surprise face à une sélection argentine en pleine forme, qui avait jusque-là remporté ses deux premiers matchs par le même score de 4-1 face au Mexique et aux États-Unis.
Compositions d’équipes
Haïti se présente dans une formation offensive. Dans les cages, Michel Blain (Aigle Noir) prend place en tant que dernier rempart. La ligne défensive est majoritairement issue du Victory SC, avec Joseph Beaulier, Éric Faublas, et Michel Morin, rejoints par Jean Cadet du Violette AC.
Au milieu de terrain, Jean Baptiste Antoine (Victory SC) et Germain Champagne (Racing Club Haïtien) sont chargés d’organiser le jeu et d’alimenter l’attaque.
En attaque, Haïti aligne une ligne offensive à quatre têtes, composée de Charles Phénol, Georges Chardin Délices, et Paul Desrosiers, tous trois issus de l’Aigle Noir AC, ainsi que de Gérard Delpeche (Violette AC). La sélection est dirigée par l’entraîneur argentin Alfredo Obertello.
En face, l’Argentine aligne une formation solide. Antonino Spilinga (Argentinos Juniors) garde les buts. La défense est formée de Domingo Lejona (Gimnasia y Esgrima La Plata), Ricardo Vázquez (Chacarita Juniors), et Roberto Blanco (Racing Club).
Le milieu de terrain argentin est très complet, avec Pedro De Ciancio (Racing Club), José Díaz (Lanús), Miguel Ángel Basilico et Raúl Pérez, tous deux évoluant sous les couleurs de Boca Juniors.
Le trio d’attaque de l’Albiceleste est composé de Alberto Corradini (Ferro Carril Oeste), Roberto Bonanno (Vélez Sarsfield), et Domingo Rodríguez (River Plate). La sélection est conduite par le technicien Ernesto Duchini.
Un arbitre à l’histoire poignante
L’arbitre de la rencontre est Leo Goldstein, un officiel américain d’origine israélienne, né en Pologne et rescapé de l’Holocauste. Déporté à Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale, il échappa de justesse aux chambres à gaz grâce à ses connaissances des règles du football. Un garde SS, qui affirmait être un ancien joueur allemand, le sauva pour qu’il arbitre des matchs entre soldats et gardes dans les camps de concentration. Après la guerre, Goldstein s’installa d’abord en Israël, avant de poser définitivement ses valises à New York, où il travailla comme chauffeur de taxi tout en poursuivant une carrière d’arbitre. Il devint arbitre international FIFA entre 1959 et 1967.
Le déroulement du match
La rencontre démarre sur un rythme soutenu, les Argentins imposant leur pressing et leur maîtrise technique. Dès la 7e minute, leur domination se concrétise : Domingo Rodríguez, l’attaquant de River Plate, ouvre le score d’un tir croisé imparable, trompant Michel Blain et donnant l’avantage à l’Albiceleste (1-0).
Les Haïtiens tentent de réagir, notamment par des percées de Paul Desrosiers et Charles Phénol, mais se heurtent à une défense argentine bien organisée. Le match reste ouvert, les deux équipes proposant un football engagé et rythmé.
Cependant, alors que le chronomètre atteint la 70e minute, la rencontre est suspendue pour des raisons non précisées dans les archives officielles. Malgré cette interruption prématurée, le score de 1-0 en faveur de l’Argentine est maintenu comme résultat final.
Ce résultat marque la deuxième défaite d’Haïti dans le tournoi, après la lourde chute face aux États-Unis, tandis que l’Argentine enchaîne une troisième victoire consécutive et affirme son statut de prétendant sérieux à la médaille d’or.
Haïti, malgré un effectif composé de talents locaux, a montré du courage et de l’ambition, mais a été confronté à un adversaire expérimenté, au collectif bien huilé.



