
Par Jackenson Louis
Haïti continue de perdre des talents au profit d’autres nations. Maya Piquion et Alexa Strickler, nées aux États-Unis de parents haïtiens, ne défendront plus les couleurs des Grenadières. Après avoir porté le maillot d’Haïti chez les moins de 17 ans, les deux joueuses ont officiellement changé de nationalité sportive. La FIFA a validé leurs demandes : elles représenteront désormais les États-Unis.
Maya Piquion et Alexa Strickler avaient suscité beaucoup d’espoir en rejoignant la sélection haïtienne U17. Leurs qualités techniques, leur vitesse et leur formation au sein du système américain faisaient d’elles des renforts précieux pour l’avenir.
Mais quelques mois après leurs débuts sous le drapeau bleu et rouge, les deux pépites ont finalement décidé de se tourner vers leur pays de naissance.
Un choix qui, selon plusieurs observateurs, s’explique autant par des raisons sportives – la perspective d’intégrer un des meilleurs programmes de football féminin au monde que par des considérations personnelles et familiales.
Une double perte significative pour Haïti. D’abord sportive : le pays mise beaucoup sur la diaspora pour renforcer ses sélections de jeunes et espérer rivaliser à l’échelle mondiale. Ensuite symbolique : chaque joueuse qui choisit une autre bannière rappelle la difficulté de retenir les talents nés à l’étranger.
Les Grenadières perdent ainsi deux profils qui auraient pu incarner l’avenir de la sélection, à un moment où le football féminin haïtien cherche stabilité, continuité et reconnaissance internationale.
D’un côté, les États-Unis, puissance mondiale du football féminin, offrent des infrastructures, une visibilité médiatique et des perspectives de carrière immenses.
De l’autre, Haïti, encore marqué par des problèmes structurels et financiers, peine à offrir un projet solide et à long terme aux jeunes joueuses de la diaspora.
Le choix de Piquion et Strickler illustre cruellement ce contraste : pour les jeunes talents partagés entre deux cultures, la décision se fait souvent entre le cœur et la raison.
Haïti devra continuer à miser sur les joueuses locales et sur d’autres membres de la diaspora prêtes à s’engager pleinement. Malgré cette perte, le vivier haïtien reste riche et plein de promesses.
Mais cette affaire pose une question fondamentale : comment convaincre les binationaux de choisir et de rester fidèles au drapeau haïtien ?



