
Par James Bake
Le dernier rapport d’Ensemble Contre la Corruption (ECC) met à nu un système de malversations, de clientélisme et de gaspillage flagrant des fonds publics au sein du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique. À sa tête, la ministre Niola Lynn Sarah DEVALIS OCTAVIUS semble être bien plus préoccupée par la gestion opaque des ressources que par le développement des jeunes ou la relance du sport haïtien.
Du 4 au 30 juin 2025, plusieurs organisations issues de la société civile – dont le RNDDH, le CARDH, la CE-JILAP et la CRESFED – réunies sous la bannière “Ensemble Contre la Corruption” (ECC) ont conduit une enquête fouillée sur la gestion actuelle du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique. Le rapport rendu public le 3 juillet est accablant : il dresse le portrait d’un ministère miné par la corruption, où les millions de gourdes décaissés par l’État sont gérés sans transparence, ni reddition de comptes. Plus qu’un simple dysfonctionnement, c’est une prise en otage de l’institution publique au profit d’intérêts personnels et partisans.
Niola Lynn Octavius : une ministre au lourd passé et à la gestion douteuse
Déjà entachée par un scandale en 2016-2017 impliquant des lettres officielles vendues à des jeunes pour obtenir des visas, Niola Lynn Dévalis Octavius, secretaire d’Alors au MJSAC, n’a visiblement tiré aucune leçon du passé. Sa nomination en tant que ministre, aurait pu incarner la réforme… mais il incarne plutôt la continuité du naufrage.
Des cartes bancaires et du carburant utilisés à des fins personnelles
Deux cartes bancaires, approvisionnées à hauteur de plusieurs millions de gourdes chaque mois, sont utilisées par la ministre à des fins personnelles, selon des témoignages internes. Le budget carburant a doublé sous sa direction, alors même que les employés reçoivent moins et que le ministère peine à fonctionner faute d’alimentation de sa génératrice. Qui consomme réellement tout ce carburant ?
Des achats, livraisons et des marchés douteux
Des millions de gourdes ont été décaissés pour acheter du matériel sportif, informatique et des mobiliers… dont personne ne voit la trace au sein du ministère. Pire encore, tous les décaissements portent la certification personnelle de la ministre, ce qui engage directement sa responsabilité. À noter : certains fournisseurs sont liés de près à des membres de son entourage, comme GER Consult, propriété de son ancien conseiller Jean Marie Claude GERMAIN.
Des fonds publics détournés ?
L’exemple le plus flagrant reste les 10 millions de gourdes destinés à la commémoration des fêtes de la Bataille de Vertières, encaissés à travers un compte personnel ouvert à la BNC par le comptable du ministère, sur instruction directe de la ministre. D’après ses propres aveux, aucune procédure formelle n’a été respectée. Résultat : plusieurs millions ont disparu dans les poches de proches de la ministre.
Les jeunes : grands oubliés de la politique publique
Selon le même rapport de l’ECC, alors que 54 % de la population haïtienne a moins de 25 ans, le ministère censé s’occuper de cette frange vitale semble fonctionner comme un cercle fermé de favoritisme. Le programme PASOJEPS, destiné aux jeunes pour la paix et la sécurité, n’a même pas payé ses bénéficiaires. Ceux qui ont osé réclamer ont été menacés ou interdits d’accès au ministère.
Drapeaux, festivités et pots-de-vin
Le ministère a englouti 50 millions de gourdes pour la fête du drapeau. Mais à ce jour, aucune pièce justificative n’a été fournie. Ce qui devrait être une commémoration nationale devient un prétexte pour siphonner l’argent public. Et ce, avec la complicité silencieuse des institutions qui ferment les yeux.
Le rapport de l’ECC est un cri d’alarme. Ce qui se passe au sein du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique est une insulte à l’éthique publique et une menace directe à l’avenir de la jeunesse haïtienne. Il ne s’agit pas seulement de dénoncer, mais d’agir.
La ministre Niola Lynn Sarah DEVALIS OCTAVIUS doit répondre devant la justice. Le gouvernement doit assainir cette institution ou la dissoudre, car aucun avenir n’est possible sur les ruines de la corruption. À quand une gouvernance où servir l’État ne signifie pas se servir ?



