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Haïti délocalise ses rêves : le Mondial 2026 passera par Curaçao

 

Par Jackenson Louis

Il n’y a plus de match à domicile pour Haïti. Plus de foule en liesse au stade Sylvio Cator. Plus de communion entre une équipe et son peuple sur cette terre qui l’a vue naître. Pour disputer la phase finale des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, Haïti devra « recevoir » à Curaçao. Une délocalisation forcée, dictée non par des choix sportifs ou logistiques, mais par une réalité brutale : l’insécurité généralisée qui étouffe le pays.

Ainsi, en septembre face au Honduras, puis en novembre contre le Costa Rica et le Nicaragua, les Grenadiers tenteront de défendre leurs couleurs… à Willemstad. L’Ergilio Hato Stadion, devenu provisoirement terre d’accueil, remplace un Sylvio Cator devenu impraticable, symbole silencieux d’un État incapable de garantir la paix, même autour du jeu.

Car c’est bien cela le drame. Le football, refuge des peuples meurtris, se voit une fois de plus exilé. Ce sport, miroir des espoirs collectifs, paie le prix d’une crise politique et sociale qu’il ne provoque pas mais qu’il subit de plein fouet. À travers le déplacement de ces matchs, c’est tout un peuple qu’on prive d’un souffle, d’un instant de rassemblement, d’un possible répit.

La Fédération haïtienne de football, avec dignité, accepte cette décision contrainte. Elle remercie, non sans émotion, la Fédération curaçaolaise pour sa solidarité. Mais cette gratitude n’efface pas l’amertume. Car il ne s’agit pas seulement de logistique, ni même de compétition : il s’agit d’une nation en quête d’ancrage, obligée de porter son espoir en exil.

Dans un monde où le football est souvent dénaturé par l’argent et le spectacle, Haïti rappelle crûment ce qu’il est aussi : un cri de résistance, un besoin de lien, une question d’identité. Et quand une nation ne peut même plus « jouer chez elle », ce n’est pas seulement le sport qui est en danger, c’est la société tout entière qui chancelle.

 

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