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Football -analyse : Quatre ans de Normalisation, et toujours aucun progrès palpable

 

En quatre ans, malgré la mise en place de la Commission de Normalisation, le football haïtien peine à retrouver son souffle. Hormis l’organisation d’un Championnat National Spécial et le processus de la licence aux clubs, les promesses de développement, de réforme statutaire et de compétitions pour les jeunes sont restées lettre morte.

Alors que la Normalisation touche à sa fin, le bilan du football haïtien, loin des promesses de renouveau, ressemble à un grand vide, comme si rien n’avait été fait. Certes, Monique André, porte-étendard de cette structure depuis le départ de Jacques Letang, et sa commission ont su réduire les effectifs à la FHF sans pour autant faire de chasse aux sorcières. Ils ont attiré des compétences au sein du bureau fédéral, et tenté de revitaliser les équipes de D1, qui, de temps à autre, s’adressent à l’instance internationale pour déposer des plaintes. Des avancées qu’elle brandit fièrement, mais les réformes tant attendues pour effacer l’héritage peu glorieux des deux dernières décennies, marquées par des scandales de pédophilie et de médiocrité, sont toujours en suspens.

Dès les débuts de la Commission de Normalisation, un déficit de communication a été noté, ce qui a limité la portée des actions entreprises. Lors de l’émission « Carton Rouge » en janvier dernier, Madame Monique André, figure de proue de cette commission, avait néanmoins souligné certaines avancées administratives, telles que la réduction de l’effectif, tout en garantissant une meilleure efficacité au sein de la Fédération Haïtienne de Football (FHF).

Il est indéniable que la Normalisation a traversé deux périodes distinctes. Sous la direction de Jacques Letang, la commission a été marquée par un manque de capacités en management institutionnel, confondant gestion des droits humains et gestion sportive avec une hiérarchie propre au milieu. Par la suite, l’ère de Madame Monique André, ancienne membre du bureau fédéral sous Yves Jean Bart, a pris le relais avec des efforts administratifs notables, mais insuffisants pour redresser une situation déjà fortement dégradée depuis plusieurs décennies.

À quelques semaines de la fin du mandat de la Normalisation, plusieurs clubs de D1 ont exprimé leur désaccord face au lancement d’une seconde édition du Championnat National Spécial, qu’ils considèrent comme une déviation des priorités initiales. Ces clubs, ayant pourtant reçu des subventions pour se reconstruire, estiment que l’objectif principal de la Normalisation devait se concentrer sur la révision des statuts de la FHF et l’organisation des élections fédérales. Parallèlement, aucune avancée concrète n’a été constatée dans le développement du football, notamment chez les jeunes et les sélections féminines, secteurs pourtant essentiels pour l’avenir du sport haïtien.
Malgré cette opposition au Championnat National Spécial, la Normalisation tente de négocier un compromis pour permettre aux équipes de jouer. Cependant, d’autres chantiers liés au développement du football, tels que le football des jeunes et le football féminin, demeurent inexplorés. De nombreux observateurs soulignent l’absence de compétitions régulières dans les zones encore épargnées par l’insécurité, réduisant ainsi le potentiel de détection et de développement des jeunes talents.

En ce qui concerne la formation des encadreurs, la barrière linguistique reste un obstacle majeur pour les entraîneurs locaux. Des partenariats avec des pays caribéens francophones pourraient être une solution viable. Toutefois, en matière de gestion administrative, les compétences des dirigeants de clubs, jugées largement insuffisantes, n’ont toujours pas été renforcées malgré les lacunes observées.
Dans cette perspective, le renouvellement du mandat de la Commission de Normalisation, désormais acté, devra impérativement consolider les progrès amorcés. La priorité devra être donnée au développement du football des jeunes, tant masculin que féminin. Une stratégie inclusive doit également être mise en place pour assurer la participation des clubs de première, deuxième et troisième divisions. Parallèlement, une solution rapide et efficace devra être trouvée pour relancer le Championnat National Féminin, afin de garantir une structure compétitive à long terme pour le football haïtien.

Et si la Normalisation se mettait enfin à faire ce pour quoi elle a été mandatée ? Pour la refonte des statuts, il ne suffit pas de jongler avec des décisions symboliques. Le processus doit être inclusif et participatif, afin de s’attaquer à des problèmes réels. Pourquoi 18 clubs en première division, une multitude en deuxième, et une infinité en troisième division ? Un club n’est pas une association sociale, mais bien une entreprise, censée générer des revenus pour sa survie. Des mesures drastiques s’imposent pour remettre de l’ordre. Car, soyons sérieux : la fierté de la nation repose sur les résultats des sélections nationales, pas sur le forcing pour maintenir à flot des clubs privés qui peinent à comprendre leur propre rôle.

En vérité, peu importe la prétendue division dans laquelle évolue une équipe, tant que le football lui-même est en état de mort clinique dans certaines zones du pays. Que faire d’une première division si le ballon ne roule même plus en troisième, deuxième ou ailleurs ? Organiser un championnat pour tout le monde avec des critères spécifiques et drastiques Les jeunes talents n’ont toujours pas de plateforme pour jouer, et le football féminin attend toujours son projet de développement. Peut-on vraiment se permettre ce luxe d’inaction ?

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