La sélection nationale haïtienne de football a inscrit deux pages majeures dans le grand livre du football mondial : la qualification pour la Coupe du Monde 1974, en Allemagne de l’Ouest, et celle tant attendue pour l’édition 2026, coorganisée par les États-Unis, le Canada et le Mexique. Mais entre ces deux exploits, lequel est le plus marquant ?
Historicité
En 1974, Haïti vivait sous la dictature de Jean-Claude Duvalier. Le football représentait alors une échappatoire nationale, une source de fierté pour un peuple sous tension. La qualification pour la Coupe du Monde allait bien au-delà d’un simple exploit sportif : c’était une affirmation d’existence sur la scène internationale. L’équipe dirigée par Antoine Tassy, dit « Zoupim », avec des légendes comme Emmanuel Sanon, s’était illustrée dans un tournoi final disputé à Port-au-Prince pour une unique place qualificative.
En 2026, le contexte est totalement différent. Haïti traverse une crise politique, humanitaire et sécuritaire d’une gravité exceptionnelle. La sélection ne peut même plus jouer sur son sol. Pourtant, les hommes de Sébastien Migné ont surmonté les obstacles logistiques, psychologiques et sportifs pour arracher un billet parmi les meilleures équipes de la CONCACAF. Le mérite n’en est que plus grand, d’autant plus que le niveau régional a nettement progressé depuis 1974.
Comparaison des deux parcours
En 1974, six équipes participaient aux éliminatoires. Haïti avait brillé dans un format condensé, à domicile, avec une organisation stable. L’objectif était clair : décrocher l’unique place disponible pour le Mondial. Emmanuel Sanon et ses coéquipiers avaient réalisé une performance remarquable :
4 victoires en 5 matchs
8 buts marqués
3 buts encaissés
En 2026, le processus est plus long, plus exigeant et beaucoup plus compétitif. Les Grenadiers ont dû évoluer sur terrain neutre, souvent dans des conditions précaires, face à des adversaires mieux structurés. Dans le dernier tour, Haïti a créé la surprise dans un groupe comprenant le Nicaragua, le Costa Rica et le Honduras. Avec 11 points, les Grenadiers terminent en tête du groupe, un exploit en soi.
1974, une symbolique unique – 2026, une renaissance
La qualification de 1974 fut la première, donc historique. Elle fit d’Haïti le deuxième pays des Caraïbes à participer à une Coupe du Monde, après Cuba. Celle de 2026, en revanche, symbolise une renaissance. Cinquante ans après ce premier exploit, Haïti retrouve la plus grande scène du football mondial, mais dans un climat d’adversité extrême. C’est un message d’espoir pour une nation meurtrie.
Impact sur le football haïtien
En 1974, malgré l’euphorie, les retombées à long terme furent limitées. Le pays n’a pas su capitaliser sur ce succès pour bâtir une structure solide et durable. En 2026, les perspectives semblent plus encourageantes : relance du football national, nouveaux sponsors, mobilisation de la diaspora, arrivée de binationaux de haut niveau, et amélioration possible de l’image d’Haïti à l’international.
Faiblesses dans les deux parcours
Dans les deux campagnes, une faiblesse commune ressort : l’absence de confrontations avec les géants du continent.
En 1974, Haïti n’a pas réussi à battre le Mexique, qui l’emporta 1-0 le 18 décembre 1973.
En 2026, la sélection n’a pas non plus affronté les États-Unis, le Canada ou le Mexique durant son parcours qualificatif.
Deux triomphes, deux époques, une même fierté
Dire laquelle des deux qualifications est « la plus importante » dépend de l’angle choisi.
1974 fut un exploit fondateur, un moment unique qui a marqué toute une génération.
2026, quant à elle, représente un triomphe arraché dans un contexte dramatique, avec un mérite humain et sportif immense.
En réalité, ces deux dates sont complémentaires : 1974 a ouvert la voie ; 2026 tente de raviver l’espoir.
Deux triomphes, deux époques, mais une seule fierté : Haïti.
