100 ans de l'équipe nationale

Historicité : le premier expatrié convoqué en équipe nationale haïtienne

Par Mythsouka Jean-Philippe

Aujourd’hui, il est devenu habituel de voir l’équipe nationale haïtienne composée en majorité de joueurs évoluant à l’étranger. Le visage des Grenadiers reflète largement la diaspora haïtienne, notamment en France, au Canada, aux États-Unis ou encore dans les divisions inférieures européennes. Pourtant, cette ouverture à l’expatriation est une dynamique relativement récente dans l’histoire du football haïtien.

Autrefois, la sélection nationale s’appuyait presque exclusivement sur les talents locaux. Les meilleurs joueurs du pays évoluaient dans le championnat haïtien, connu à l’époque sous le nom de Coupe Pradel. Plusieurs raisons expliquent l’absence des expatriés dans la sélection d’antan : ils étaient très peu nombreux, rares étaient ceux qui parvenaient à poursuivre leur carrière à l’étranger, et les entraîneurs – principalement haïtiens – privilégiaient logiquement les joueurs du championnat local, accessibles et bien connus. À cela s’ajoutaient les contraintes logistiques et le manque de communication avec les clubs étrangers.

Mais dans les années 1960, un tournant s’opère. Un joueur va briser cette barrière : Jean Thomas Claudel Legros, ancien du Victory SC, un club dirigé à l’époque par le grand technicien Franck Civil. En 1965, il est recruté par l’AS Angoulême, en France. Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, ce départ ne marque pas la fin de son parcours en sélection. Au contraire : Antoine Tassy, surnommé Zoupim, continue de le convoquer régulièrement malgré son statut d’expatrié. Mieux encore, Claudel Legros devient capitaine de l’équipe nationale jusqu’en 1970, affirmant ainsi son rôle de leader et son importance au sein du groupe.

Ce moment constitue un jalon historique : Claudel Legros devient le premier joueur expatrié à être convoqué en équipe nationale haïtienne. Un geste fort pour l’époque, qui préfigure ce qui deviendra, plusieurs décennies plus tard, une norme. Aujourd’hui, cette tendance s’est amplifiée. Plusieurs facteurs l’expliquent : la multiplication des joueurs haïtiens à l’étranger, la baisse de niveau du championnat local, et l’arrivée de sélectionneurs étrangers souvent plus tournés vers la diaspora. Mais c’est bien Jean Thomas Claudel Legros qui, le premier, a ouvert cette voie. Son parcours illustre l’équilibre entre excellence locale et ouverture internationale, et rappelle que même dans un contexte où les conditions n’étaient pas favorables, un talent peut transcender les frontières et marquer l’histoire.

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