
Par Mythsouka Jean-Philippe
Dans l’histoire de la sélection haïtienne, certains exploits sont si rares qu’ils frôlent la légende. Des records qui résistent au temps, défiant génération après génération. L’un d’eux, étonnant mais bien réel, soulève encore l’étonnement : qui est le plus jeune entraîneur à avoir dirigé la sélection nationale haïtienne ? La réponse nous replonge près d’un siècle en arrière, à une époque où le onze national posait à peine ses premières bases. C’est un record d’une telle précocité qu’il paraît presque impossible à battre aujourd’hui.
L’homme en question, Edouard Baker, est né le 25 août 1911 à Port-au-Prince, dans une famille aux racines multiples. Son père, Cleveland Théodore Baker, était missionnaire américain, et sa mère, Céline Amélie Marie-Rose Sarthou, haïtienne. Élève de l’Institution Saint Louis de Gonzague, il poursuivit ses études universitaires en agronomie à l’Université de Gembloux en Belgique. Sportif accompli, il pratiquait plusieurs disciplines mais s’illustra particulièrement en football, évoluant au Royal FC de Spy.
À son retour en Haïti, il rejoignit le Racing Club Haïtien où il devint non seulement joueur, mais aussi entraîneur-joueur, un rôle novateur pour l’époque. Visionnaire et rigoureux, il fut l’un des pionniers du coaching en Haïti. Et c’est à seulement 22 ans, en 1934, qu’il fut appelé à diriger les Grenadiers lors des éliminatoires de la Coupe du monde. Ce fait historique fait de lui, encore aujourd’hui, le plus jeune sélectionneur de l’histoire de l’équipe nationale haïtienne.
En parallèle de sa vie sportive, Edouard Baker était aussi enraciné dans l’histoire sociale du pays. Il épousa Louise Charlotte Thomasset-Barranco, descendante de Charles Thomasset, l’ingénieur ayant construit le pont Hippolyte au Cap-Haïtien. Il fut également le père de Charles Henri Baker, homme d’affaires et candidat à la présidence d’Haïti en 2006 et 2011.
Décédé le 28 décembre 1981, Edouard Baker reste dans la mémoire du football haïtien comme un précurseur. Son record de jeunesse, établi à une époque où très peu auraient osé confier une équipe nationale à un si jeune homme, semble aujourd’hui inégalable. Il symbolise l’esprit d’audace et d’engagement d’un temps où tout était à construire.




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