
Par Mythsouka Jean-Philippe
Dans l’histoire du football haïtien, certaines performances marquent les mémoires au fer rouge. L’année 2007, pour sa part, aura été celle de Gabard Fenelon. Ce nom, peu cité dans les grands débats sur les légendes du football haïtien, mérite pourtant une place de choix. Car aucun autre gardien n’a, à ce jour, réalisé autant de clean sheets avec la sélection nationale sur une seule année civile.
Né le 3 juin 1981 sur l’île de la Tortue, dans le département du Nord-Ouest, Gabard Fenelon n’était pas destiné à briller sous les projecteurs. Et pourtant, en 2007, il réalise une performance inédite : 18 matchs, huit clean sheets. Aucun but encaissé. Une solidité rare. Une régularité qui force le respect.
Le parcours débute dès le mois de janvier, lors de la Coupe Caraïbe des Nations — une compétition que l’équipe haïtienne remportera quelques semaines plus tard. Fenelon garde sa cage inviolée à deux reprises contre les Bermudes (les 7 et 9 janvier), puis face à la Martinique (12 janvier) et la Barbade (15 janvier). Viennent ensuite des prestations tout aussi impressionnantes contre le Panama (24 mars), El Salvador (17 avril), le Chili (23 mai) et Saint-Vincent-et-les-Grenadines (30 mai).
Huit rencontres. Huit remparts dressés. Huit démonstrations de sang-froid, d’anticipation et de maîtrise. Ni Henry Francillon, considéré comme le plus grand gardien haïtien de l’histoire, ni Johnny Placide, brillant représentant de la génération actuelle, ni Michel Blain l’invincible, ni Wilner Piquant, ni Lecès Petit, ni Manès Cherestal, ni même Raphaël Manoyrine, n’ont réussi un tel enchaînement sous les couleurs nationales.
Gabard Fenelon n’a peut-être pas connu une longue carrière sous les feux de la rampe, mais son année 2007 suffit à elle seule pour l’inscrire dans la mémoire collective du football haïtien. Don Sanche Pierre, un natif de l’île de la Tortue, affirme avec conviction que Gabard est la plus grande personnalité que son île ait jamais produite. Ce n’est pas une simple opinion : c’est un hommage que lui rendent aujourd’hui encore les passionnés de football de tout le pays.
Son nom évoque désormais le calme, la rigueur et la fierté d’une île souvent oubliée, mais qui, à travers lui, a offert à la nation l’un de ses plus précieux remparts.



