
Par Mythsouka Jean-Philippe
La décennie 1980 fut, sans conteste, la pire pour l’équipe nationale haïtienne de football, marquée par une série de performances médiocres et une instabilité politique qui n’a cessé d’alimenter les troubles dans le pays. Sur le plan sportif, les statistiques de cette période sont particulièrement décevantes, et les raisons de cet échec sont multiples, notamment les tensions sociales et politiques qui ont lourdement pesé sur l’environnement du sport.
Une décennie marquée par des bouleversements politiques
Au niveau politique, Haïti traversa une période d’incertitudes et de troubles qui s’illustrèrent par la chute du régime duvaliérien en 1986, avec l’exil de Jean-Claude Duvalier, dit Baby Doc, le 7 février de la même année. Cet événement marqua la fin d’une dictature de près de trente ans. Cependant, le pays ne retrouva pas immédiatement la stabilité. Le déchouquage des tontons-macoutes, la violence politique et les coups d’État répétés témoignèrent de l’instabilité persistante, tandis que l’armée intervenait fréquemment dans les affaires politiques, exacerbant les tensions internes et freinant ainsi le développement de tous les secteurs, y compris le sport.
Dans ce contexte chaotique, le football haïtien, loin d’être épargné, souffrit gravement des perturbations sociales et politiques. La crise économique et la fuite des talents vers d’autres horizons accentuèrent encore la dégradation du niveau de l’équipe nationale.
Des résultats sportifs désastreux
Sur le terrain, la sélection haïtienne enregistra des statistiques désastreuses. Au total, 27 matchs furent disputés au cours de cette décennie, soit une moyenne d’à peine 2,7 matchs par an, un chiffre qui contraste fortement avec les décennies précédentes où l’équipe faisait montre de plus grande régularité et de résultats plus satisfaisants.
Parmi ces 27 rencontres, Haïti ne parvint à remporter que 6 victoires, soit un maigre taux de réussite de 22,22%. En revanche, l’équipe essuya 16 défaites et enregistra 5 nuls. Ce bilan est sans appel et témoigne des difficultés à maintenir une équipe cohérente et performante durant cette période.
Les performances offensives et défensives étaient également largement insuffisantes. Avec seulement 17 buts inscrits pour 40 buts encaissés, l’équipe faisait preuve d’une grande vulnérabilité, tant sur le plan offensif que défensif. Ces statistiques révèlent des carences criantes dans la préparation physique et tactique des joueurs, auxquelles s’ajoutaient, sans doute, des problèmes d’organisation interne au sein de la fédération haïtienne de football.
L’absence de résultats dans les compétitions internationales
En ce qui concerne les compétitions internationales, la situation ne s’améliora guère. Haïti échoua dans ses tentatives de se distinguer dans les tournois majeurs de la Concacaf, comme la Coupe des Nations de la Concacaf. En 1981 et en 1985, l’équipe ne réussit pas à décrocher la moindre victoire, et son parcours fut aussi décevant dans la Coupe des Nations de la Caraïbe où elle ne participa même pas.
Les années 1982, 1986, 1987 et 1988 furent également marquées par une absence totale de matchs officiels, un vide qui ne faisait qu’aggraver les problèmes de développement du football national. La méforme de l’équipe et l’absence de résultats étaient donc le reflet direct de la crise profonde que traversait Haïti, tant sur le plan sportif que politique.
Une période d’agonie pour le football haïtien
Le record de matchs consécutifs sans marquer (5) de buts constituent également un symbole de la misère footballistique que le pays traversait durant cette décennie. Ces échecs répétés témoignent non seulement des faiblesses techniques de l’équipe, mais aussi de l’absence d’une structure solide pour soutenir le football à tous les niveaux, des jeunes aux seniors.
La décennie 1980 restera donc comme un épisode difficile de l’histoire du football haïtien. L’équipe nationale, à l’époque, semblait incapable de relever les défis tant sur le terrain qu’en dehors, et les conditions socio-politiques ne facilitèrent en rien les efforts de redressement. Il fallut attendre plusieurs années pour que le football haïtien commence à sortir de cette longue période d’ombre.
Ainsi, les années 1980 représentent sans doute la pire décennie pour l’équipe nationale haïtienne de football. Le manque de performances sur le terrain, couplé à l’instabilité politique et à la crise sociale qui gangrenaient le pays, contribuèrent à la désillusion des supporters. Si le football haïtien a depuis connu de meilleurs moments, cette période sombre demeure un témoin des ravages causés par l’instabilité politique sur le sport et la société en général.



