
Par Hendy Desilien
Dans un contexte particulièrement difficile marqué par l’insécurité et les zones de conflits croissants, la question de la reprise du football en Haïti devient cruciale. Face aux défis politiques et sociaux qui frappent le pays, le football, sport roi, apparaît comme un vecteur potentiel de stabilité, d’unité et d’espoir pour la nation. Pourtant, la situation actuelle soulève des interrogations sur la possibilité d’un retour normal des compétitions et des activités liées au football. Comment le football haïtien peut-il reprendre correctement dans un tel contexte, et quelles stratégies peuvent être mises en place pour assurer une saison réussie ?
L’impact de la crise sur le football national
Depuis plusieurs mois, Haïti traverse une crise socio-politique sans précédent. L’insécurité généralisée et l’instabilité des zones urbaines, en particulier à Port-au-Prince et dans d’autres régions du pays, ont poussé de nombreuses institutions à suspendre leurs activités. Le football, pourtant source de passion et d’identité pour des milliers de jeunes, n’est pas épargné. Les stades sont souvent vides ou impraticables, et les déplacements des équipes deviennent un véritable défi.
Cela a des conséquences directes sur le développement du sport dans le pays. Les joueurs locaux, qui comptent sur le football pour construire leur avenir, se retrouvent dans une situation incertaine, sans compétition et sans visibilité. Le problème touche aussi les clubs qui, malgré leurs efforts, peinent à maintenir un niveau de compétitivité face à un environnement de plus en plus hostile.
Une possible relance par le football régional
Face à cette crise, plusieurs voix s’élèvent pour demander la mise en place de solutions adaptées à la situation. Parmi les idées avancées, l’une des plus intéressantes est celle d’une organisation des compétitions par régions. En 2023-2024, la Fédération Haïtienne de Football (FHF) pourrait envisager un retour au système régional pour éviter les déplacements trop longs et dangereux et permettre aux clubs de jouer dans des zones plus sûres. Cette approche permettrait à des équipes comme Real Hope, qui va participer à la Ligue des Champions de la CONCACAF, de se préparer plus sereinement et de se concentrer sur la compétition internationale.
Cette stratégie de régionalisation pourrait aussi permettre à des clubs moins connus de se faire remarquer et de progresser dans un environnement plus localisé. Ce système offrirait une plateforme pour que des talents émergent, ce qui, à terme, renforcerait le football haïtien, tant sur le plan national qu’international. Toutefois, cette solution implique une mise en place rigoureuse et un soutien logistique de la part des autorités sportives et des dirigeants de clubs.
Le rôle crucial de la FHF et des dirigeants des clubs
La question qui se pose maintenant est de savoir si la Fédération Haïtienne de Football (FHF), sous l’égide de son comité de normalisation, pourra prendre les mesures nécessaires pour relancer le football dans ces conditions exceptionnelles. Les dirigeants des clubs de la première, deuxième et troisième division ont la responsabilité de coordonner leurs efforts et de travailler en concert pour offrir aux joueurs les conditions adéquates pour évoluer dans un environnement sûr et propice à la compétition.
Des réunions entre la FHF et les clubs doivent être organisées pour définir une stratégie claire de reprise. Une coordination efficace et une communication régulière entre toutes les parties prenantes seront essentielles pour trouver des solutions durables et viables. Par ailleurs, le soutien du gouvernement et des institutions internationales, ainsi que l’implication des sponsors et partenaires privés, seront des facteurs clés pour garantir la stabilité financière du football en Haïti et offrir aux clubs les ressources nécessaires à leur développement.
Le football : un levier d’unité nationale
Au-delà des enjeux sportifs, le football reste un outil puissant d’unité nationale. Il est, pour beaucoup de jeunes Haïtiens, un espoir de sortir de la précarité et de la violence qui gangrène le pays. En cette période de crise, le football peut jouer un rôle de rassembleur, offrant aux Haïtiens une raison d’espérer et de se fédérer autour de valeurs de discipline, de persévérance et de solidarité.
Le football haïtien doit impérativement être préservé. La crise actuelle ne doit pas signifier la fin du sport national, mais plutôt un appel à l’innovation et à l’adaptation pour que le pays puisse surmonter cette période difficile. Les dirigeants de la FHF, les clubs et les joueurs ont un rôle à jouer pour maintenir la flamme vivante et garantir que le football en Haïti continue de prospérer malgré les difficultés.
Une relance en réflexion, mais un espoir réel
L’avenir du football en Haïti est incertain, mais il n’est pas impossible. À condition que des mesures adéquates soient mises en place pour assurer la sécurité des joueurs et la stabilité des compétitions, le football peut continuer à être une source de fierté nationale. Le retour des matchs, même dans un cadre régionalisé, pourrait permettre de revitaliser le football haïtien et de préparer les équipes à participer avec succès aux compétitions internationales, notamment dans la zone CONCACAF.
Le temps est désormais compté, et la responsabilité incombe aux dirigeants et aux acteurs du football haïtien de travailler ensemble pour donner au pays la possibilité de retrouver un semblant de normalité à travers son sport roi. Le football, c’est l’espoir et l’unité. Il ne doit pas mourir.



